L’apprentissage
au contact de la nature et des animaux

Il est de coutume maintenant à l’école de Bruebach de voir dans la cour de l’école des bêtes à plumes ou, sur le toit, des petits bonhommes habillés en cosmonautes pratiquer d’étranges rituels. Depuis de nombreuses années, l’école Montjoie propose aux enfants d’observer, de se questionner, de comprendre en interagissant directement avec la faune et la flore.

Cela fait maintenant plus de 8 ans, que le directeur Mr Colomb, propose à ses élèves d’étudier le cycle de la vie en taille réelle.

Quelques semaines avant Pâques, des œufs de poule fécondés arrivent dans la classe, dans un incubateur. A travers la lumière d’une lampe, c’est la première découverte : le poussin en devenir apparait par transparence dans son œuf (ou pas). Puis, avec un peu de chance et beaucoup d’attention, au bout de 3 semaines, les premières coquilles se cassent pour faire apparaitre un petit poussin. Chaque jour, les élèves prennent soin de ces bébés qui vont vite grandir. Le mercredi et les week-end, à tour de rôle, chaque famille accueille ces nouveaux nés… grande responsabilité, assez anxiogène, croyez-en mon expérience de maman : va-t-on réussir à rendre les poussins vivants le lundi suivant ? Tous les poussins ne survivent pas. C’est aussi ça la nature. Et, au bout de quelques semaines, les poules peuvent être mises dehors.
L’an dernier, le poulailler a été remis à neuf. Un palace pour nos poules… qui sont finalement 2 coqs et une poule.

Il faut maintenant changer l’eau, donner les graines, rapporter des petites douceurs de la maison (peaux de légumes, coquilles d’œufs écrasées… mais attention pas de peau de banane, c’est toxique). Et, avec un peu de chance, chacun pourra à tour de rôle repartir avec son œuf, son précieux œuf tant attendu et forcément mille fois meilleur.

Sur le toit de l’école, c’est une autre histoire. Disposant de son diplôme d’apiculteur, Mr Colomb a installé, en 2019, 2 ruches sur le toit de notre école. Rassurez-vous, impossible pour les enfants d’accéder aux ruches sans un adulte.
A la fin de l’hiver, c’est le temps de l’observation. Il faut vérifier si les ruches ont survécu. Cette année, alléluia, 2 sur 2. Nos reines ont tenu le coup et nos ruches se portent à merveilles.
Après avoir enfilé leurs combinaisons adaptées, et vérifié que toutes les écoutilles étaient bien fermées, les élèves vont chacun leur tour, par petits groupes, observer mais aussi aider à l’entretien des ruches. Chaque enfant a son rôle.

Le premier tient l’enfumoir. Grâce à lui, les abeilles, trop occupées à chasser la fumée, laissent tranquilles nos petits apiculteurs.
Le deuxième enlève délicatement les abeilles restées à la surface grâce à la balayette.
Le troisième extrait le premier cadre du corps de la ruche. Des milliers d’abeilles y sont agglutinées. C’est très impressionnant. Et le bruit est assourdissant.
Les cadres peuvent être remplis de couvain avec des alvéoles fermées, signe que la ruche est en bonne santé et fonctionne correctement, de pollen ou même remplis de miel : miam ! A la fin de l’hiver et au début du printemps, ce miel n’est pas récolté, ce sont les provisions pour les abeilles.
Il faut aussi essayer de repérer la reine. Elle est reconnaissable par sa taille imposante et par le point de couleur qui est sur son dos. C’est un peu un « Où est Charlie » mais avec que des Charlie…
Il faut aussi nettoyer la ruche et retirer les alvéoles sauvages qui auraient été construites pendant l’hiver.

Au bout de quelques semaines, quand il y a assez de bébés et de miel en provision, Mr Colomb rajoute une hausse. C’est ce miel-là, celui que les abeilles produiront dans les cadres de la hausse, qui sera récolté. Quand les cadres sont gorgés de miel, c’est le moment de la récolte. Les élèves retirent les cadres pleins de miel et les remplacent par des cadres « vides ».
Puis avec l’extracteur, grâce à leur force herculéenne, les enfants extraient le précieux liquide doré qui est mis en pot mais surtout dégusté à la récré. Et tous vous le diront, c’est le meilleur miel du monde !

A côté du poulailler, il y a aussi le potager, la vigne, les arbres fruitiers. Quoi de mieux que de jouer avec la terre pour mettre tous ses sens en éveil.
Les enfants peuvent entendre le bruit des petits insectes qui se cachent dans leurs abris. Ils touchent la terre et plantent les nouveaux plans au printemps. Ils observent la nature qui croit et qui se transforme, la graine qui devient fruit. Ils sentent le parfum des fleurs. Mais le meilleur, ils goutent les aromates, les cassis ou encore les fraises qui auront mis leur patience à rude épreuve.

Des poules, des abeilles, des fleurs et des fruits, mais ce n’est pas tout. Cette année, un nouveau projet : Observer le cycle des papillons. L’expérience est en cours. Vivement les premiers retours !

Aurélie Lhommé